Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/216

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l’antichambre et courut à la rencontre d’un nouvel arrivant. Je profitai de cette diversion pour aller remettre le lit en ordre, pour prendre mon sac et ma couverture et pour me rechausser, afin de n’être pas surpris en flagrant délit d’usurpation de domicile.

Je n’avais pas encore fini ces préparatifs rapides, et j’étais encore assis sur la causeuse, tirant mes bottines d’une main convulsive, lorsque j’entendis résonner dans le boudoir une voix trop particulière pour me laisser un instant de doute : c’était la voix de Bellamare. Tout en compliquant le problème, cette circonstance inattendue me rassura. La dame, ne se trouvant plus en tête-à-tête avec moi, n’aurait pas peur, et, de mon côté, je savais que Bellamare expliquerait ma présence si vite et si bien, qu’il n’y aurait pas un moment de doute sur la pureté de mes intentions. Qui sait d’ailleurs si cette personne avait le projet de rester et s’il ne s’agissait pas d’un rendez-vous d’affaires ? Les choses de théâtre sont parfois soumises à des précautions fort secrètes. Je résolus d’attendre la fin de l’ouverture et de ne point écouter ; mais le silence était si profond autour de nous et le boudoir boisé si