Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/234

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— Vous ne l’épouseriez pas ?

— Non certes.

— Pourquoi ?

— Tu ne sais donc pas que je suis marié ?

— Ma foi, non.

— Je le suis et charmé de l’être, parce que, si je ne l’étais pas, j’aurais peut-être la fantaisie du mariage, et que je pourrais tomber encore plus mal.

— Votre femme ?…

— Est au diable, je ne sais où ; mais il ne s’agit pas d’elle. Je suis chargé de te tâter prudemment. La destinée se rit des précautions de l’adorable comtesse. Je n’ai plus qu’à t’interroger, mais pas ici, où nous ne sommes ni chez nous ni chez elle. Je te sais honnête homme, je n’ai pas besoin de te recommander le silence. Sortons prudemment, et ne va pas maintenant chez le voisin. Viens à mon hôtel ; chemin faisant, nous causerons.

La vieille femme qui nous fit sortir ne marqua aucune curiosité, ne nous dit pas un mot, et referma la porte sans aucun bruit. Quand nous fûmes assez loin pour ne pas troubler le silence de cette rue mystérieuse où le jour commençait à se glisser :

— Eh bien, me dit Bellamare, voilà un joli dé-