Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rôles ! » Votre silence m’a prouvé le peu de foi que vous avez dans mon avenir d’artiste. Il est donc possible que je fasse une grande sottise en terminant par un refus ma charmante aventure ; mais, sans avoir beaucoup médité, je crois qu’il faut s’y résoudre, ou jouer le rôle d’un précieux ridicule et de mauvaise foi. Je suis trop jeune pour être un don Juan ; je voudrais en vain abuser des avantages que le hasard m’a donnés sur cette femme pour la tromper, je ne saurais pas. J’aime mieux confesser mon ingénuité et m’en consoler avec son estime.

— Très-bien, reprit Bellamare ; c’est toujours très-bien ! Tu es vraiment un cœur d’or, et j’espère toujours que tu seras un artiste. Consulte ta famille, tu le dois, et, si elle te laisse libre, attends le moment où, vers la fermeture de l’Odéon, j’irai passer, comme de coutume, quelques semaines à Paris. Nous rependrons nos études seul à seul, et j’ai dans l’idée que je ferai sortir de toi, par le geste, la physionomie et l’accent, tout ce que ton être renferme de beau et de bon.

Je le quittai en pleurant. Tous mes camarades me serrèrent dans leurs bras ; Moranbois seul me