Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/266

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me trouble ! Que veut-il dire ? Expliquez-vous : pourquoi était-ce non ? pourquoi est-ce oui ?

« Répondez-moi sous le nom de mademoiselle Agathe Bouret, poste restante, à Paris. En deux jours, j’aurai votre lettre. »

Je répondis :

«  Je vous aime sans vous avoir vue. Je vous aime malgré tout ce qui nous sépare. Je veux être sincère comme vous. Quand je vous ai entendue à Blois, j’étais ensorcelé. Votre lettre a chassé le vain fantôme. Elle m’a pris comme le flot prend le naufragé et en fait ce qu’il veut. J’étais fou quand j’ai osé vous le dire. Je le suis encore d’oser vous le répéter. Je m’amoindris, je m’efface à vos yeux en vous avouant que je ne suis qu’une épave, je me perds peut-être ; mais je ne veux rien vous cacher. Vous avez nommé, vous aviez deviné celle que j’aimais. Elle l’ignore, elle ne l’a pas deviné, elle ! elle ne le saura jamais, et, maintenant, vous ne verrez plus en moi que ce que je suis, un enfant ! oui, mais un enfant qui veut devenir un homme, et qui travaille avec ardeur à savoir, à comprendre, à être. Ne me dites plus que je dois vous donner mon nom