Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/278

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— Et vous êtes résolue à ne point aimer ?

— Très-résolue.

— Vous croyez cela possible ?

— C’est possible jusqu’à présent.

— Si Laurence vous aimait, lui ?

— Est-ce que vous croyez cela ?

— Je le crois. Il nous a peut-être abandonnés par dépit de votre indifférence !

— J’espère que vous vous trompez ! Je lui suis très-attachée, mais je ne l’aime pas d’amour, mon ami, et ce n’est pas ma faute.

— Je vous ai dit, sans vous rien indiquer, qu’il était aimé en haut lieu.

— Vous me l’avez dit. Cela ne m’a pas inspiré l’envie de lui plaire. Je ne suis pas coquette.

— Vous êtes parfaite, je le sais, et je ne suis pas de ceux qui vous diront qu’une femme sans amour est un monstre. J’ai vu tant de monstres amoureux dans les deux sexes, et j’ai rêvé dans ma jeunesse tant de choses stupides que je croyais sublimes…

— Qu’à présent vous ne croyez plus à rien ?

— À rien qu’à la vertu, car je l’ai rencontrée deux ou trois fois en ma vie, se promenant comme