Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/289

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Anna quitta courageusement son amant, qui la malmenait et qu’elle pleura quand même. Cette fille, toujours déraisonnable et malheureuse en amour, était en amitié la plus estimable et la plus solide des femmes. Elle n’avait ni dépit ni rancune, et même elle me savait gré de n’avoir pas profité d’un peu d’émotion qu’elle avait eue auprès de moi dans les premiers jours de notre tournée. Elle se réjouit donc de me voir associé à la nouvelle campagne. Léon, qui revint de Blois, et Marco, qui revint de Rouen, me firent le même accueil et me soutinrent que j’étais un artiste. Nous partîmes pour l’Italie dans les derniers jours d’août, sans attendre la fermeture de l’Odéon et sans emmener Régine, qui devait nous rejoindre dès qu’elle serait libre. Nous avions à engager en route une grande coquette et un Frederick Lemaître quelconque. Ce fut Lambesq qui nous retomba sous la main à Lyon. Il avait fait de mauvaises affaires, et il était plus traitable qu’autrefois. Quelque impatientant qu’il fût, nous lui avions dû des succès et nous fûmes contents de le reprendre. Impéria opina pour lui, disant que nous étions habitués à ses défauts, et que nous ne retrouverions pas aisément ses qualités.