Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous allions nous entendre avec une demoiselle Arsène qui avait joué les confidentes au Théâtre-Français, et qui croyait en conséquence pouvoir jouer les Rachel en province. Nous n’en étions pas aussi sûrs qu’elle, et nous hésitions encore, lorsque Lucinde nous écrivit qu’elle avait toujours désiré voir l’Italie, et qu’elle se contenterait des appointements qu’elle avait déjà eus chez nous. Elle n’avait pu faire promettre le mariage à son marchand de vin, qui lui donnait toujours un certain luxe, mais qui l’ennuyait. Elle espérait peut-être réveiller sa passion en le laissant seul et en feignant de lui préférer le théâtre. Nous l’attendîmes et franchîmes la frontière avec elle. La troupe était au grand complet, et, les discussions d’affaires terminées, on était content de se revoir. Chemin faisant, nous jouâmes plus d’une pièce qui réclamait plus de rôles que nous n’en avions dans la troupe. À cette époque, fort troublée en France, beaucoup d’artistes sans emploi cherchaient fortune sur les chemins, et nous pouvions nous en adjoindre quelques-uns temporairement. Ces artistes bohèmes étaient parfois des types très-curieux, particulièrement ceux qui, au milieu des plus étranges vicissi-