Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pauvre rue Carnot, guettant dans l’ombre l’arrivée d’Œnone, que j’y vis entrer à dix heures avec une autre femme. Ces dames, comme je l’ai su plus tard, connaissaient très-peu Impéria ; mais elles étaient bonnes. À très-peu d’exceptions près, tous les acteurs sont bons. Quels que soient leurs travers, leurs passions, leurs vices même, ils sont d’une charité, d’un dévouement admirables les uns pour les autres. J’ai été par la suite à même de constater que nulle autre profession ne comporte autant de fraternité compatissante.

Je passai la nuit à errer comme une ombre à travers le vent et la pluie. À peine fit-il jour, que je frappai timidement au n° 17. On m’ouvrit aussitôt, et je vis debout la bonne portière qui me dit en souriant :

— Déjà levé ? Allons, vous l’aimez bien, à ce qu’il paraît ? Réjouissez-vous, elle va beaucoup mieux. Elle a reconnu ses camarades. Elle n’a presque plus de fièvre. Je viens de dormir un peu, et je retourne auprès d’elle. Ces dames vont s’en aller pour revenir à midi.

— Me permettez-vous de venir savoir à onze heures… ?