Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/85

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paroles de ma part furent malgré moi une déclaration.

On parlait mariage à propos de la publication de bans d’un jeune tragique de la troupe, qui épousait une jeune et belle soubrette.

— Ils ont raison, ces enfants, disait l’un.

— En voilà une folie ! disait l’autre.

Et, chacun donnant son avis sur les avantages et les charges de la famille, mon ami Frontin m’interpella :

— Et le beau surnuméraire, dit-il, l’aspirant garanti, qu’est-ce qu’il en pense ?

— Moi, répondis-je, je suis un enfant, j’ai la confiance de mon âge ; je ne comprends pas qu’on n’épouse pas la femme qu’on aime.

— C’est très-gentil, dit Régine ; mais, comme à votre âge on aime toutes les femmes, cela fait bien des mariages qu’on se mettrait sur les bras.

— À mon âge, repris-je éperdûment en m’adressant à Impéria, qui souriait, on n’aime qu’une femme…

— À la fois peut-être ! reprit Régine ; mais à coup sûr c’est la première qui vous passe sous le nez qu’on prend pour son idéal.