Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/91

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déon, lui sortant du Conservatoire, elle venant de la province. Il s’était enquis, il avait cherché avec persévérance, il savait la véritable naissance, la véritable destinée d’Impéria. Il s’était juré de ne jamais trahir les secrets qu’il avait surpris, et il me les racontait, à moi, qu’il connaissait depuis huit jours et qu’il tutoyait pour la première fois.

Impéria s’appelait Nancie de Valclos. Elle était du Dauphiné. Son père, le marquis de Valclos, était un homme intelligent, généreux, très-estimé dans son pays. Il adorait sa femme, qui était très-belle, et il faisait lui-même l’éducation de sa fille, dont il était fier à juste titre. Madame de Valclos, qui n’avait jamais fait parler d’elle, eut tout à coup, à quarante ans, une aventure horriblement scandaleuse avec un officier de la garnison. Le mari tua l’amant, la femme se suicida ; M. de Valclos devint fou au bout de trois mois, après avoir jeté toute sa fortune dans une entreprise absurde, où le poussa l’impatience de réaliser son avoir pour s’expatrier avec sa fille.

— Mademoiselle de Valclos se trouva autant dire orpheline à l’âge de vingt ans, car elle nous trompe, observa Léonce au milieu de son récit. Elle