Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/96

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— Rien. Observe-la et attends.

— Alors, tu crois que je ne dois pas y renoncer ?

— Je n’en sais absolument rien.

— Allons dîner ensemble, reprit-il ; tu me laisseras te parler d’elle. Si je restais seul, je sens que je ferais quelque folie.

Je l’écoutai divaguer toute la soirée, la plupart du temps sans entendre un mot de ce qu’il me disait. Je le trouvais stupidement présomptueux d’aspirer à l’attention d’Impéria, et je prenais pour mon compte les puériles consolations que je lui offrais. Sans songer que j’étais aussi fat que lui, je me plaisais à me persuader qu’elle avait menti pour se débarrasser des poursuites de Léonce, et que ce n’était pas moi qu’elle avait eu l’intention de décourager.

En voyant Léonce si ridicule, je profitai pourtant de ma rivalité pour me promettre de n’agir en rien comme lui. Il ne cacha son grand désespoir à personne, et le bruit qu’il en fit empêcha qu’on n’en fît à propos de moi. Je me montrai très-gai, très-dégagé, et, niant que j’eusse fait aucune déclaration indirecte à Impéria, je prétendis avoir exprimé ma manière de voir en général sur