Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/98

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der sans son consentement, j’eus soin de continuer mes études de droit, et je me retirais à neuf heures du soir pour travailler jusqu’à deux heures du matin. Je me levais tard, j’étais au théâtre à midi pour tout le reste du jour, sauf l’heure du dîner. Impéria faisait le rude métier de répéter trois et quatre heures dans la journée et de jouer trois ou quatre heures le soir avec un changement de costume à chaque entr’acte. Le reste du temps, elle faisait de la guipure ou étudiait son rôle chez elle. Elle ne perdait pas un instant, et le calme qu’elle portait dans cette terrible vie était inconcevable. Elle avait tant d’intelligence et d’instruction, que rien ne lui était étranger, et qu’elle causait de tout avec une aisance modeste. Elle ne paraissait jamais triste et jamais gaie. La découverte de son âge véritable m’avait un peu calmé dans les premiers jours, non qu’elle fût moins belle et moins désirable pour être une fille majeure ; mais comme ces deux ans qu’elle avait de plus que moi me rejetaient en arrière ! comme le chef d’orchestre avait eu raison de me dire que j’étais trop jeune pour me permettre d’énoncer des projets d’avenir quelconque !