Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/101

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ambitieux. Une friture de barbillons sortant de l’eau, rissolés dans l’huile et servis brûlants, c’est un excellent mets. Les poulets froids, les œufs mollets, les artichauts crus, la galette, les guignes et le café, voilà, j’espère, un festin royal ! La salle à manger est si belle et l’appétit si ouvert !

Moreau, éreinté, trempé comme un canard, rit quand on s’étonne de son régime. Il boit et mange sobrement, fait un somme sur l’herbe, et s’éveille gai comme un pinson, prêt à recommencer.

Madame Anne a déjeuné de bon cœur avec nous ; mais son fils, M. Fred, s’est exalté. Il devient d’une loquacité désespérante. Heureusement, il s’en retourne au village avec sa mère et le cheval portant les débris du festin.

Nous reprenons le cours de la Creuse jusqu’au roc du Cerisier, le plus beau de toute cette région. Il surplombe la rivière qui bat sa base, et Moreau, qui nous a fait grimper par-dessus la dernière fois, veut nous faire recommencer l’ascension à cause de l’âne. Mais nous nous obstinons à passer sur les roches à fleur d’eau, et l’âne y passe sans broncher.