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De mémoire d’âne, on n’avait vu pareille chose ; mais aussi quel âne !

Derrière le grand rocher, sur un espace d’une centaine de pas, s’étend le site ardu et sévère que nous avons baptisé le Sahara. Pas un souffle d’air, pas un arbre pour s’abriter, pas une place herbue pour séparer les pieds du roc brûlant.

En plein midi, il y a un peu de quoi devenir fou ; mais algira et gordius apparaissent instantanément, comme s’ils attendaient nos naturalistes. Alors, tout est oublié : le soleil ne darde pas de feux dont on se soucie. Voilà nos enragés tout en haut du précipice, oubliant de songer aux vipères qui abondent et au moyen de redescendre tout ce qu’ils ont gravi. N’importe, les captures sont effectuées, et on descend comme on peut.

Cette roche feuilletée se divise en escaliers friables et perfides, et les herbes brûlées qui s’y attachent sont glissantes comme de la glace. L’émotion fait oublier à ceux qui regardent la chasse les souffrances de la fournaise. Outre les papillons désirés (ce que les entomologistes appellent leur desidera-