Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

renfermé d’une étude. Puis il nous dit, lui qui connaît la réalité des choses humaines et qui est rompu au contact des intérêts et des passions des gens de campagne :

— Vous avez eu une bien bonne idée de vouloir planter là une tente. Je ne crois pas que vous le regrettiez jamais. Ce village est un nid de braves gens.

— En vérité ? Il nous semblait, mais nous ne savions pas ! Nous cherchions des fleurs et des papillons. Aurions-nous trouvé des hommes ?

— Des hommes très-bons et très-sincèrement religieux, des mœurs très-douces, vous verrez ! Et puis une grande fierté, l’orgueil d’un certain bien-être, joint au plaisir de l’hospitalité. Nous avons peu à faire par là, nous autres gens de procédure. J’en suis fier pour mon endroit. Pas de procès comme dans la Marche. C’est une oasis. Ces gens ne sont jamais sortis de leur manière d’être depuis des siècles. Faute de chemins, ils ne se sont jamais écartés du beau jardin que leur a creusé la nature. Ils ont su garder leur bonheur, et il y a chez eux un grand