Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien peur qu’on ne se soit laissé entraîner à la contredanse dans notre village de là-bas. Je n’ai pas encore osé le demander.

La contredanse du paysan est absurde et grotesque. Sa valse est, comme rhythme et comme allure, quelque chose de disloqué et d’incompréhensible. La bourrée est monotone, mais d’un vrai caractère. Pourtant il ne faut pas la voir folichonner par les artisans de petite ville ; ils y sont aussi absurdes que le paysan à la contredanse.

Il y a aussi les beaux de village de la nouvelle école, qui y introduisent des contorsions prétentieuses et des airs impertinents tout à fait contraires à l’esprit de cette antique danse. La bourrée n’est elle-même que dans les jambes molles et les allures traînantes de ce qui nous reste de vrais paysans, les jeunes bouviers et les minces pastoures de nos plaines.

Ces naïfs personnages s’y amusent tranquillement en apparence ; mais l’acharnement qu’ils y portent prouve qu’ils y vont avec passion. Leur danse est souple, bien rhythmée et très-gracieuse dans sa