Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

industrie qui les occuperait et les enrichirait un peu, sans les arracher à leurs occupations domestiques.

Jusqu’au mariage, elles sont assez pimpantes et coquettes ; même les plus pauvres savent prendre un certain air les jours de fête. Elles sont néanmoins douces et modestes, et, là où le bourgeois n’a point passé, les mœurs sont pures et patriarcales. Mais le bourgeois, le vieux bourgeois surtout, est l’ennemi de ces vertus rustiques. C’est triste à dire, mais le propriétaire, celui qu’on appelle encore le maître, séduit à peu de frais et impose le déshonneur aux familles par l’intérêt et par la crainte.

Le mariage est la seule grande fête de la vie d’une paysanne. Il y a encore ce généreux amour-propre qui consiste à faire manger la subsistance d’une année dans les trois jours de la noce. Cependant les cérémonies étranges de cette solennité tendent à se perdre. J’ai vu finir celle des livrées, qui se faisait la veille du mariage et qui avait une couleur bien particulière. Je l’ai racontée quelque part, ainsi que celle du chou, qui se fait le lendemain de la noce ;