Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/164

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véritable comédie libre, improvisée, jouée en plein air, sur les chemins, à travers champs, alimentée par tous les incidents fortuits de la promenade, et à laquelle tout le monde prend part, gens de la noce et du dehors, hôtes des maisons et passants des chemins, durant une grande partie de la journée. Le thème est invariable, mais on brode à l’infini sur ce thème, et c’est là qu’il faut voir l’instinct mimique, la faconde de sang-froid, l’esprit de repartie et même l’éloquence naturelle de nos paysans.

» Le rôle de la jardinière est ordinairement confié à un homme mince, imberbe et à teint frais, qui sait donner une grande vérité à son personnage et jouer le désespoir burlesque avec assez de naturel pour qu’on en soit égayé et attristé en même temps, comme d’un fait réel.

» Après que le malheur de la femme est constaté par ses plaintes, les jeunes gens de la noce l’engagent à laisser là son ivrogne de mari et à se divertir avec eux. Ils lui offrent le bras et l’entraînent. Peu à peu elle s’abandonne, s’égaye, se met à courir tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre, prenant des al-