Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/168

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l’habileté, l’originalité, la beauté des modulations ou des interprétations. On est tenté alors de se demander si cette violation hardie des règles n’est pas seulement la violation heureuse de nos habitudes, et si la musique, comme la langue, n’est pas quelque chose à côté et même en dehors de tout ce que nous avons inventé et consacré.

Après la danse, le mariage, la fête, voici la dernière solennité : la mort, la sépulture. Dans un large chemin pierreux, bordé de têtaux sinistres dénudés par l’hiver, par une journée de gelée claire et froide, vous rencontrez quelquefois un char rustique traîné par quatre jeunes taureaux nouvellement liés au joug. C’est le corbillard du paysan. Ses fils conduisent l’attelage, l’aiguillon relevé, le chapeau à la main. De chaque côté viennent les femmes, couvertes, en signe de deuil, de leurs grandes mantes gros bleu, avec le capuchon sur la tête. Elles portent des cierges. Au prochain carrefour, on s’arrêtera pour déposer, au pied de la grande croix de bois qui marque ces rencontres de quatre voies, une petite croix grossièrement taillée dans un copeau. À chaque