Page:Sand - Promenades autour d un village - 1866.djvu/216

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une révolution. Macpherson a rempli l’Europe du nom d’Ossian ; avant Walter Scott, il avait mis l’Écosse à la mode. Vraiment, nous n’avons pas assez fêté notre Bretagne, et il y a encore des lettrés qui n’ont pas lu les chants sublimes devant lesquels, convenons-en, nous sommes comme des nains devant des géants. Singulières vicissitudes que subissent le beau et le vrai dans l’histoire de l’art !

Qu’est-ce donc que cette race armoricaine qui s’est nourrie, depuis le druidisme jusqu’à la chouannerie, d’une telle moelle ? Nous la savions bien forte et fière, mais pas grande à ce point avant qu’elle eût chanté à nos oreilles. Génie épique, dramatique, amoureux, guerrier, tendre, triste, sombre, moqueur, naïf, tout est là ! Et au-dessus de ce monde de l’action et de la pensée plane le rêve : les sylphes, les gnomes, les djinns de l’Orient, tous les fantômes, tous les génies de la mythologie païenne et chrétienne voltigent sur ces têtes exaltées et puissantes. En vérité, aucun de ceux qui tiennent une plume ne devrait rencontrer un Breton sans lui ôter son chapeau.