Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/121

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on condamne, on annonce d’affreuses calamités, on croit la société menacée par une nouvelle invasion des Barbares, parce que quelques artisans ont ouvert des livres en sortant de l’atelier, et formulé quelques essais poétiques plus ou moins heureux ! En vérité, M. Olinde Rodrigue ne s’attendait pas, j’en suis sûr, à être l’Attila de cette croisade farouche contre la civilisation, et la modeste Marie Carpentier, en s’entretenant avec les anges gardiens de son chevet, ne se croyait point un Scythe enrôlé sous les bannières de la destruction. Toute cette terreur est bien ridicule, convenez-en ; mais elle est pourtant bonne à quelque chose, et nous devons rendre grâce à ceux qui l’ont si naïvement manifestée.

M. A. — Certainement, dans votre sens, elle doit prouver beaucoup. Ces tentatives du peuple ne sont pas si ridicules et si plates qu’on veut bien le dire, puisqu’elles sèment l’alarme à ce point ; et toute ma crainte, à moi, c’est que les écrivains prolétaires n’en tirent plus de vanité que de vos éloges. C’est pourquoi je vous engage à rabattre cette vanité le plus que vous pourrez.

M. Z. — Je ne l’ai pas encore vue lever la tête ; c’est pourquoi je ne vois pas la nécessité de dire à des enfants qu’on aime : Taisez-vous, vous ne parlez pas encore assez bien, lorsqu’ils commencent à parler couramment. L’important, c’est qu’ils apprennent à parler, n’est-ce pas ? Laissez-les donc s’y habituer par un peu d’exercice. Comme ce sont des enfants très-intelligents que les nombreux enfants de la France, peut-être, quand ils seront en âge d’écouter de la critique, auront-ils cessé de mériter celle que nous leur adresserions maintenant. Attendez seulement quel-