Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/145

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mencement du dix-septième, qui ne tînt pas à la noblesse. Mathurin Régnier, le satirique fait seul exception ; mais l’histoire littéraire a bien soin de remarquer que le père de Régnier était qualifié honorable homme, titre qui dans ce temps ne se donnait qu’aux plus notables bourgeois. Les autres poètes avaient tous des blasons. Les deux de Raïf, du Bartas, d’Aubigné, Michel d’Amboise, le seigneur de Pibrac, les deux du Bellay, et le grand Ronsard, et le sire de Malherbe, sans compter Racan, Segrais, d’Urfé, mademoiselle Deshouillières, mademoiselle de Scudéry, madame de Lafayette, et tant d’autres encore. Les prédécesseurs de Corneille, Jodelle et Garnier, étaient aussi de familles nobles. Mais avec Corneille, Molière, et la Fontaine, commence l’ère poétique de la bourgeoisie. Le duel littéraire de Richelieu et de Corneille, à l’occasion du Cid, fixe magnifiquement le commencement de cette ère. Ce duel, a un sens qu’on n’a pas compris ; on s’étonne de Richelieu auteur, et on admire qu’un si puissant ministre fût jaloux de Corneille. On ne voit pas que Richelieu, c’est la noblesse tout entière en possession jusque là de la littérature, et qui voit son sceptre lui échapper. J’avoue qu’à partir de cette époque la bourgeoisie a remplacé la noblesse dans la culture des lettres. Quant à vous accorder que cette classe moyenne, si riche d’idées et si pleine d’action et d’influence pour faire la Révolution française, est aujourd’hui vide et creuse ; qu’elle ne produit plus rien de neuf, et qu’elle est réduite à remâcher, avec force sophismes, les idées qui l’ont faite ce qu’elle est…

M. Z. Je sais que vous n’êtes pas récalcitrant à cet égard-là ; mais je ne vous demande pas encore d’ac-