Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/190

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être si rapides, où la révolution de Juillet les avait si bien préparés, où le peuple en eût si bien profité, c’est peu, je le répète, pour l’éducation du pauvre que l’école primaire, trop chère d’ailleurs pour être suivie longtemps, et forcément remplacée bientôt par l’école ignorantine. Ainsi, attribuer principalement au bienfait des écoles primaires ce développement général de l’intelligence dans le peuple et ces exemples frappants de sa puissance morale, serait s’abuser étrangement. Le peuple a marché avec les moyens crées par le gouvernement et malgré l’insuffisance déplorable de ces moyens. Qu’eût-ce donc été si les moyens avaient été proportionnés aux aptitudes ? Le gouvernement se le demande peut-être avec effroi, nous nous le demandons avec tristesse : car les gouvernements doivent compte à Dieu du temps perdu pour l’éducation des peuples.

Mais ce n’est pas ici le cas de nous affliger. Il est des organisations prédestinées, si vigoureuses et si impressionnables, que tout leur est bon, tout les aide dans leur marche brûlante. Celle de Poncy est de ce nombre. D’ailleurs, une source d’instruction que le gouvernement n’a ni créée ni favorisée fut mise à sa portée. Le Magasin pittoresque fut son cours d’études, son école amusante, variée et quasi gratuite. Il y puisa la notion de la grandeur de l’univers et de ses merveilles, de l’histoire du monde et de ses enseignements ; et cette notion élémentaire, aidée de la seconde vue du génie, devint chez lui une véritable divination poétique. Qu’on parcoure ses vers, on y verra que ce jeune ouvrier, occupé tout le jour à construire ou à renverser des maisons, a parcouru le monde et les temps sur les ailes de son imagination, et qu’il en a