Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/395

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l’emblème de sa race, un coq de bois peint en rouge au bout d’un bâton. Némeith rêve aussi de la ziris, mais il a juré amitié à Thor, le chef des Scythes, son frère d’armes. Ils ont bu le sang l’un de l’autre. Thor, emporté, farouche, s’est pris d’une violente passion pour la jeune Atlante, et Némeith le généreux a renoncé à elle.

Après le festin, la ziris doit déclarer son choix en envoyant une corbeille de feuilles de palmier à chacun de ses prétendants. Toutes ces corbeilles contiennent des cadeaux, une seule renfermera l’anneau des fiançailles. Thor ne trouve dans la sienne qu’une hache de fer, don précieux pour un homme qui ne connaît encore que la lame de pierre, mais dont il s’indigne comme d’un affront ; Némeith a reçu l’anneau, et, craignant la douleur de son ami, il a caché ce gage dans sa ceinture. Il retourne sa corbeille pour faire croire qu’elle était vide.

— Que lui as-tu donc envoyé ? dit le Scythe jaloux à Hemla.

— Ma haine, répond la princesse irritée.

Tous les prétendants se croient joués. Le noir Surtur, roi de Cos, Arhimaz, prince d’Our, le louche Kaïs, roi des Ombos, se querellent avec les Scythes et les Gètes. Thor veut enlever la ziris. On se bat, le sang coule. Les éléphants effarouchés foulent aux pieds les vases d’or et les femmes éperdues. Un personnage vénérable se présente, c’est le grand-mage qui prédit la colère céleste, c’est Xizouthros qui construit l’arche du salut. Il menace et commande. À sa voix, tout se calme ou se tait.

Dans la nuit, Hemla, voyant son père décidé à la contraindre pour qu’elle épouse le noir Surtur, prend