Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/95

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comme eût dit Fourrier, la synthèse de cette belle âme et de ce noble génie ne pourra se dégager des ténèbres où elle lutte contre la lumière. Oh ! puissions-nous être en ceci de faux prophètes ! Puisse-t-il entrer dans une nouvelle phase de développement moral, ce rare talent, qui déjà se confesse avec tant de grandeur et de simplicité d’avoir

   (Pardonnez-lui, mon Dieu ! tout homme ainsi commence !)

trop caressé en lui le sentiment du moi !

  Frère ! Le temps n’est plus où j’écoutais mon âme
  Se plaindre et soupirer comme une faible femme
  Qui de sa propre voix soi-même s’attendrit.
  · · · · · · · · · · · ·
  Ma personnalité remplissait la nature.

Puisse-t-il ne pas se borner à sentir, à comprendre, à exprimer, comme s’il s’agissait seulement d’aimer vertu de la même manière dont certains artistes aiment l’art, pour l’art ! Puisse-t-il presser un peu

  Le pas réglé du genre humain,

et se tenir à sa place entre ces deux natures qu’il décrit si bien :

  Il est dans les accès des fièvres politiques
  Deux natures sans paix de cœur antipathiques ;
  Ceux-là dans le roulis, niant le mouvement.
  Pour végétation prenant la pourriture,
  À l’immobilité condamnant la nature.
  Et mesurant, haineux, à leur courte ceinture
    Son gigantesque accroissement !