Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/122

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ques années. Ce ne sont plus les morts qui courent vite, ce sont les vivants. Peut-être bien qu’alors il faudra des hommes plus forts que nous tous, conservateurs et autres, pour répondre aux problèmes que nous présenteront ces enfants d’aujourd’hui. Je sais un de ces enfants qui n’écrivait pas l’orthographe l’an passé, et qui cette année écrit et parle aussi correctement qu’un académicien, sans avoir pour cela répudié son titre et sa profession d’ouvrier.

M. A. — Vous allez tomber dans le raisonnement anecdotique que vous reprochiez tout à l’heure à vos accusateurs.

M. Z. — C’est que nous voici à bout de notre discours, si je ne me trompe, et qu’il nous faut bien revenir à des exemples. C’est par là que nous avons commencé, et nous tenons encore ce volume de vers d’un tisserand que nous allions parcourir, et que nous n’avons pas ouvert.

M. A. — Voyons-le donc. Puisqu’on m’a forcé de lire, dans les articles de la presse conservatrice, des citations prises à dessein dans ce qu’il y avait de plus défectueux parmi les poésies d’ouvriers (vous voyez, je vous passe votre mot par anticipation !), je serai bien aise de voir par mes yeux si, dansées productions, le mauvais l’emporte.

M. Z. — Laissez-moi, puisque vous n’aimez pas à perdre de temps, vous rendre compte en trois mots de la destinée de cet homme, le plus naïf et le plus individuel que j’aie encore rencontré dans l’ordre d’écrivains et de poëtes qui nous occupe.

M. A. — Voyons ! Est-ce un ouvrier devenu poëte, ou un poëte qui s’est fait ouvrier ?

M. Z. — C’est un pauvre paysan qui a reçu pendant