Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/128

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Lisez les vers À une abeille ; ils sont d’une grande simplicité, et ne manquent pas de charme. Mais il y a plus de poésie encore dans les strophes que je vais vous lire moi-même :

Cours, devant moi, ma petite navette,
Passe, passe rapidement.
C’est toi qui nourris le poëte ;
Aussi t’aime-t-il tendrement.

Confiant dans maintes promesses,
Eh quoi ! j’ai pu te négliger…
Va, je te rendrai mes caresses.
Tu ne me verras plus changer.

Il le faut, je suspends ma lyre
A la barre de mon métier ;
La raison succède au délire,
Je reviens à toi tout entier.

Quel plaisir l’étude nous donne !
Que ne puis-je suivre mes goûts !
Mes livres, je vous abandonne ;
Le temps fuit trop vite avec vous.

Assis sur la tendre verdure,
Quand revient la belle saison,
J’aimerais chanter la nature…
Mais puis-je quitter ma prison ?

La nature… livre sublime !
Le sage y puise le bonheur,
L’âme s’y retrempe et s’anime,
En s’élevant vers son auteur :

À l’astre qui fait tout renaître,
Il faut que je renonce encor ;