Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/273

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Vainement sa prière invoque le Dieu juste,
       Dieu n’exauce pas les ingrats.
Il a mis, comme im ver dans le cœur de l’arbuste,
Le remords dans son sein, et mon amour robuste
Contre son désespoir ne lui tend plus les bras.


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Te voilà laide enfin, laide, ô ma bien-aimée,
Autant que je suis triste, autant que je suis las !


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Oh ! cet amour sans fin dont je brûle pour elle.
Ne pouvez-vous, Seigneur, de mon cœur l’arracher ?


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Oubliez donc, Seigneur, que j’allais la maudire ;
N’exaucez pas mon vœu, laissez-moi mon tourment.


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Je n’ai de goût à rien. Je ne vis que d’amour.
Oh ! dans mon sein brisé, qui le chante ou le pleure,
Que ne peut-il mourir avant que je ne meure,
Ce poëme éternel, ce poëme d’un jour !


Ainsi, l’aimer sans fin, voilà ma destinée ;
Il faut à mes poumons l’air qu’elle a respiré.
Quand je ne la vois pas, le soir, tout éploré,
Je dis comme Titus : J’ai perdu ma journée !


Ô ma jeunesse en fleur, effeuillée en ses bras !
Oh ! ses baisers que m’ont volé de plus habiles !
Et vous, âpres soucis, désespoirs immobiles.
D’où vient qu’aussi le temps ne vous emporte pas !


Idéal, idéal ! homicide chimère !
Dans la foule pour toi j’ai toujours vécu seul ;
Seul comme je l’étais dans le sein de ma mère,
Comme je le serai bientôt dans un linceul.