Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/94

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Pélagie ? Mais non ! une jeune Moldave passera par la tête du poëte mobile et impressionnable, et nous aurons ses stances à la belle Moldave. Puis, quand ce gracieux et innocent caprice, qui ne s’arrête ni à Angelica, ni à Augusta, ni à l’imprudente qui demande des cheveux, sera épuisé, nous aurons le Toast entre les Gallois et les Bretons, hymne humanitaire magnifique, digne en plusieurs endroits de Byron lui-même, dont le sentiment relève de cette parole du Christ : Le temps est proche où il n’y aura plus ni juifs ni gentils, dont l’inspiration a traversé le saint-simonisme, Fourrier, les chartistes, voire les idées communistes de ces derniers temps, et que Jean-Jacques Rousseau, déjà si honteux d’avoir publié la Polysynodie de l’abbé de Saint-Pierre, n’eût certes pas osé transcrire du vers en prose. Mais, après la sublime Utopie, le poëte-prophète ne va-t-il pas écrire le nouveau Contrat social du xixe siècle ? Le voilà qui jette la bride sur le cou du lier destrier, compagnon de ses courses romanesques, et qui le laisse errer sous les ombrages abandonnés de son domaine, jusqu’à la fin de la prochaine session ; le voilà qui descend dans l’arène des intérêts sociaux et dans la sphère de l’application ; il étudie les lois, il les discute, il les triture. Il pourrait nous en formuler l’esprit, grâce aux progrès accomplis dans l’humanité, mieux que l’illustre Montesquieu ne put le faire de son temps. Mais comment le ferait-il ? le temps lui manque entre le travail éternel de décomposition et de recomposition de cabinets, et les décrets de la police sociale sur les besoins et les appétits de la bourgeoisie industrielle. Le détail absorbera toute celle illustre et futile existence. Jamais, dans ce dédale de l’analyse et du travail à courtes séances,