Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/116

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appel aux idées sérieuses et aux travaux complets, au nom de ceux qui ne sont pas placés dans la vie et dans la société pour résoudre les hautes questions. Ce qui nous intéresse le plus, c’est l’avenir, puisque le présent n’est pas à nous, et, quand les solutions restent en suspens, nous n’accusons personne en particulier ; nous ne prétendons pas que celui-ci ou celui-là ait manqué de bonne volonté, de grandes intentions, de périlleux dévouements, de recherche attentive et d’intelligence bien employée. Nous autres qui vivons confinés dans une sorte d’isolement social, relégués que nous sommes pour la plupart dans les soins du ménage ou dans les travaux de l’atelier, nous ne connaissons guère les noms propres, nous comprenons à peine l’historique des faits contemporains, nous ne saurions faire régulièrement l’apothéose ou le procès de personne, et nous sommes si peu hostiles, si peu méfiants, qu’à la moindre promesse nous sommes prêts à marcher. Nous ne pensions donc pas plus à blesser de légitimes susceptibilités qu’à offenser de coupables amours-propres. Ne vivant pas dans le mouvement, nous ne pensons pas devoir être accusés d’amertume personnelle, puisque nous ne connaissons pas et ne jugeons pas les personnes. Mais, s’il le fallait, si la recherche de la vérité était à ce prix, nous n’aurions peur d’aucun ressentiment injuste.

Et quant à ceux qui, ne méritant pas nos reproches, n’auraient pas dû se les attribuer, nous comptons sur leur justice, sur leur générosité, sur leur