Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/151

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clame. C’est une vertu de cabinet. Quand le livre de l’historien sort du laboratoire, il n’est plus question pour l’historien d’examiner les faits, il s’agit de les présenter tels qu’ils sont sortis d’une recherche approfondie, de les juger, et de prononcer pour la postérité des sentences de vie et de mort.

Quant à se vanter de n’avoir falsifié ni anéanti les documents où il a puisé, quel est donc l’homme au nom souillé qui croirait devoir en parler au public comme d’un acte de courage et de vertu ?

Pourtant, voici un livre qui ne se pique pas de cette impartialité honteusement négative, et qui a passé sans encombre à travers une législation ombrageuse et des accusés tout-puissants. Ce livre n’a donné lieu à aucune persécution, et une bienveillance universelle l’a accueilli.

Quoi de plus épineux pourtant que d’écrire l’histoire contemporaine, de raconter les actions et de faire portrait des hommes vivants ? Jusqu’ici, on n’a obtenu, en traitant cette question brûlante, que des succès de scandale, et voilà que celui-ci est un succès d’enthousiasme, que l’auteur a éveillé de toutes parts d’ardentes sympathies, et que tes hommes pour lesquels il a été le plus sévère n’ont pas eu à lui adresser un reproche ni une réclamation.

Aucun démenti, aucun procès, aucun duel, aucune polémique enflammée n’a terni l’éclat de ce pur triomphe. C’est vraiment un tour de force, diront les gens qui croient se connaître en habileté. C’est le plus honorable des succès, disent ceux qui se connaissent en