Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/158

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stupide résignation. Vous nous avez dit ce qui avait manqué à notre passé, ce qui manque à notre présent, et nous voyons bien par là ce que nous devons demander à l’avenir. Nul historien n’a encore été aussi hardi que vous, et pourtant cette société qui a fléchi Sous le joug de la peur ne nous parait plus aussi redoutable à ébranler. Vous nous montrez que nous avons des armes qu’on ne peut ni prohiber ni détruire : la pensée, la foi, l’amour de l’égalité. Vous avez écrit l’histoire des puissants et celle du peuple. Tous ont compris, n’en doutez pas ; et si ceux-là vous craignent, celui-ci vous entend et se sent frissonner sous votre souffle généreux. Poursuivez votre carrière, rien de tout ceci ne sera perdu. C’est le plus grand éloge, c’est le plus vif remerciement que nous puissions vous adresser.

Il y a en vous deux hommes qui se complètent l’un l’autre : l’homme de la politique, qui peut chercher dans le domaine du présent des applications hardies et ingénieuses de ses principes. Mais cet homme politique n’est pas seul ; il est inspiré par le philosophe qui voit loin dans l’avenir, parce qu’un ensemble de doctrines l’éclairé, parce que tous les points fondamentaux du nouveau contrat social, formulés dans son cœur et dans sa pensée, lui donnent l’intelligence des choses passées et présentes. Sans cela, vous ne seriez qu’un homme habile, respectable encore par de nobles instincts, puissant par l’éclat d’un talent admirable ; mais, pour ma part, je ne suis pas courbé devant les privilèges de l’intelligence à ce point que je veuille la dispenser d’un seul de ses devoirs. Et