Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/166

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prix que cette génération aurait bien voulu conclure avec sa conscience, l’âme du public se réveille sur tous les points à la fois et se prend à regarder dans ce beau passé de la veille, qui déjà lui apparaît comme un rêve, comme un poème des temps héroïques. De généreux esprits, animés eux-mêmes par ce symptôme de résurrection morale, qui ne vient jamais aux individus que sous l’influence du frémissement de tous ; des esprits placés, il faut le remarquer, à des points de vue non identiques, se prennent à raconter la Révolution, chacun à sa manière. Et remarquez encore que, malgré les nuances, tous se confondent dans un sentiment d’admiration vive et d’attendrissement profond. Et la foule frémit à ces récits ; elle quitte la lecture du roman, cette histoire de fantaisie, qui suffirait hier à sa nonchalance ; elle dévore ces pages de la vie réelle ; elle a du temps, de la reconnaissance, du succès à donner à toutes ces publications. L’immobilité sociale n’est plus qu’une apparence. Les cœurs sont émus, lés imaginations s’enflamment ; heureux présage ! La France se tâte le cœur, et s’aperçoit que la vie n’est pas éteinte. L’humanité, en se retrempant dans la cendre féconde de ses pères, communie avec sa propre substance, et la communion, c’est le symbole de la vie renouvelée.

Ce serait ici le lieu d’analyser ces différentes publications si importantes, si respectables, à l’heure qu’il est. Mais ce travail aurait une étendue que ne comporte pas cet article. J’aimerais mieux n’en pas parler du tout