Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/172

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sous l’habile investigation de M. Louis Blanc ; et ces parties de son récit, qui menaçaient d’être arides ou obscures, sont pleines de couleur et d’intérêt.

Mais nous voici en pleine révolution. Vienne la suite, nous l’attendons avec impatience : toutes les difficultés d’un pareil travail ne sont pas encore vaincues. C’est au cœur de la tragédie qu’il nous faut entrer. Nous la connaissons, cette tragédie sanglante, où le sombre génie de Shakespeare semble avoir passé. Mais, comme Shakespeare nous fait entrer dans les replis du cœur humain au sein même de l’action, et n’arme pas le bras de ses personnages sans faire parler leur conscience ou leur passion, il faudra tout à l’heure que l’historien nous dévoile le mystère de ces âmes éprises de l’amour de l’humanité, fanatiques terribles qui parurent disposer froidement de la vie et de la liberté de leurs frères. La solution courageuse du problème n’est pas douteuse pour nous. Voici une page admirable qui nous révèle l’intelligence et le cœur de l’écrivain :

« Mais quelle est cette Assemblée qui se forme dans l’orage ? Les hommes qui la composent représentent toutes les forces et tous les intérêts de l’humanité, ses ressentiments, ses douleurs, ses espérances. Que veulent-ils ? Venger le monde et le refaire… Alors éclate leur puissant délire. À la lueur des châteaux incendiés, au bruit du tocsin des hôtels de ville, au bruit du canon ennemi qui a passé la frontière et qui approche, pendant qu’une multitude furieuse entoure l’Assemblée, agitant des piques et hurlant aux portes, eux,