Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/174

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C’est ici la cas de dire que la véritable éloquence part du cœur. Mais cet ouvrage n’est pas seulement un modèle de style, qualité bien précieuse dans un temps où la langue est si maltraitée, style jeune pourtant, rapide et coloré, et où l’on aime à trouver le cachet de l’époque dans ce qu’elle a de bon et de progressif ; cet ouvrage est un véritable livre d’histoire, il est éclairé d’en haut par des idées grandes et vraies, gouverné et enflammé par une logique passionnée qui est comme l’esprit même de la Révolution, contenu et adouci par un grand sentiment de délicatesse. Car, pour ne citer que les qualités secondaires d’un ouvrage qui, grâce à sa haute portée, pourrait se passer de certaines convenances, on peut dire qu’il y a du goût même dans la passion qui souffle à travers ce récit, et c’est ce qui lui donne un caractère éminemment français. Le malheur, la faiblesse, l’erreur, un roi sans lumières, une reine entraînée par la jeunesse ou par le désespoir, la loyauté mal éclairée de certains hommes, les égarements du génie sans principes, tout ce qui peut chercher son excuse dans l’ignorance, dans la souffrance, dans le délire ou dans la fatalité, est traité par l’écrivain avec cette indulgence généreuse qui ne manque jamais aux esprits justes. La conscience des principes, plus elle est inflexible, plus elle autorise la pitié délicate qu’on doit aux personnes.

Et n’est-ce point là la véritable justice ? N’est-ce point celle que nous invoquons tous quand nous nous tournons vers Dieu pour lui demander la connaissance de la vérité et le secours de notre faiblesse. Quiconque