Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/206

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français lui posera à la moindre alarme : « Le pouvoir spirituel est à vous ; contentez-vous de cela, et n’empiétez pas sur le domaine temporel, qui nous appartient exclusivement et où vous n’avez rien à voir. En d’autres termes : Réglez la discipline du clergé, l’ordre des processions, le rythme des chants sacrés, si boa vous semble, mais ne soyez pas le juge de nos actions ; parlez du ciel à ceux qui croient au ciel, et ne vous mêlez pas de demander le règne de Dieu et de la justice sur la terre. Votre royaume n’est pas de ce monde ; vivez en paix et laissez mourir ce que nous voulons tuer. Vous n’êtes qu’un prêtre, c’est dire que, pour nous, vous n’êtes qu’une momie. Votre empire s’étend sur les catacombes du passé : nous vous interdisons l’accès de la vie. »

Ô pape ! quand on vous tiendra ce langage, vous serez bien fort pour répondre, si vous le voulez. Vous pourrez leur demander, à ces régulateurs de la vie des hommes, ce que c’est que ce pouvoir spirituel que vous tenez de l’institution divine, si ce n’est pas le droit souverain de tout voir, de tout juger, de tout condamner ou de tout absoudre dans les actions humaines ; si vous n’êtes pas le seul homme en Europe qui ait ce droit suprême, et dont la franchise sacrée échappe à toutes ses lois civiles. Oui, certes, ce droit, vous en jouissez encore, et il n’est point de coalition de rois qui puisse vous en déposséder. Comme souverain temporel, vous n’êtes qu’un petit prince et vous devez peu vous soucier de ce titre. Mais vous êtes moralement au-dessus de tous les souverains,