Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/211

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et le génie du peuple français ; Paris n’est le foyer de la vie que parce qu’il est le rendez-vous de la France entière. Les indigènes de la métropole ne sont qu’une fraction du grand corps social. La France va vivre et agir à Paris, comme Paris va manœuvrer au Champ de Mars. Paris, c’est vous, c’est moi, c’est nous tous, et loin de renier les actes prodigieux qui s’accomplissent dans son enceinte, nous devons mettre notre orgueil national à en prendre la solidarité, à en partager la gloire.

La classe moyenne a acquis désormais assez de lumières pour comprendre ses devoirs. La nécessité l’eût contrainte tôt ou tard à associer le peuple à ses libertés représentées par les droits politiques. La classe moyenne n’a pas attendu que le peuple irrité lui réclamât impérieusement ses droits. Elle s’est séparée hardiment d’une fraction insensée qui croyait à la durée de ses forces et qu’un souffle a renversée, Elle s’est levée sans provocation de la part du peuple ; elle s’est placée devant lui en disant : « Vous ne briserez le peuple qu’en marchant sur nous ! » C’était un beau rôle à remplir, le plus beau que l’histoire de la bourgeoisie ait jamais enregistré. Elle l’a compris. Elle a conquis l’amour et la confiance du peuple en mêlant son sang avec le sien. Qu’elle les conserve, et qu’au lendemain de cette victoire si belle, elle ne craigne pas d’en recueillir les fruits.

Le peuple, investi d’une puissance dont il n’a jamais fait usage et dont il ne comprendra la portée que dans quelques jours, est disposé à accorder toute sa con-