Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/212

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fiance à la bourgeoisie. La bourgeoisie n’en abusera pas. Elle ne se laissera point égarer par de perfides conseils, par des alarmes vaines, par de faux bruits, par des calomnies contre le peuple. Le peuple sera juste, calme, sage et bon, tant que la classe moyenne lui en donnera l’exemple. S’il était trahi, si on faisait servir le premier exercice de ses droits politiques à le tromper ; si, par d’indignes manœuvres et de coupables influences, on lui faisait élire des représentants qui abandonneraient sa cause, l’union serait détruite. Le peuple irrité violerait peut-être le sanctuaire de la représentation nationale, et nous verrions recommencer les luttes d’un passé que peuple et bourgeoisie condamnent et repoussent à l’heure qu’il est.

La société périrait un instant dans cette lutte formidable. La République se relèverait, parce qu’elle est désormais le cœur, le besoin et la conquête du peuple. Les peuples ne périssent pas, les sociétés renaissent de leurs propres cendres. La République a disparu sous Napoléon et sous les Bourbons. Louis-Philippe n’a pu l’empêcher de revivre. Elle s’agitait depuis dix-huit ans sous vos pieds. La voilà plus vivante que jamais.

Mais pourquoi faudrait-il qu’elle recommençât ses excès, ses désastres et tout le travail du demi-siècle qu’elle a traversé ? Quand il lui est si facile de s’ouvrir un chemin nouveau, et de quitter ceux où elle a laissé du sang et des ruines, qui donc serait assez impie, assez insensé pour la contraindre à retourner en arrière ? Si quelques hommes y songent, j’espère,