Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/220

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tiques, ces écarts d’imagination, ces parjures que quelques-uns peut-être ont commis sans malice, et parce que la foi les a abandonnés au milieu du chemin ? D’où vient donc cette sorte d’impuissance ou d’hésitation que tu rencontres avec effroi quand tu te trouves face à face avec les meilleurs et les plus forts esprits de notre époque ? D’où vient que d’un mot on ne peut résoudre le problème de ton existence quand tu croyais ce secret enfoui dans la pensée comprimée de tes amis ? Cela vient, ô peuple ! d’une vérité bien simple, mais bien absolue, dont tu seras bientôt pénétré toi même ; et voici cette vérité : l’homme isolé n’est rien. La vérité ne se découvre au solitaire enfermé dans la cellule avec ses livres que d’une maniere incomplète et voilée. Les assemblées choisies, les réunions d’hommes habiles n’en savent pas beaucoup plus long que les rêveurs solitaires, quand ces hommes habiles n’apportent au concours que leur lumière individuelle, sans s’être mis en rapport avec l’humanité vivante. Les morts nous enseignent beaucoup ; mais, en étudiant les livres, nous ne pouvons que tirer de la science du passé des inductions que l’avenir déjoue, et que le présent ne peut pas toujours justifier. Il faut apprendre l’histoire, il faut étudier les livres, il faut connaître le passé, il faut songer à l’avenir, cela est certain, et tu apprendras tout cela bientôt, toi, peuple logicien qui apprends si vite. Mais, avec cette science du passé et cette prévision de l’avenir, ton instruction serait bornée encore ; elle serait fausse, comme celle des savants, si tu n’apprenais que cela. Il faut apprendre la science