Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/238

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Vous croyez-vous sous le régime de la terreur ? Avons-nous demandé la tête du roi, de la reine, des princes et princesses ? Avons-nous rasé les châteaux, persécuté les prêtres ? Demandons-nous la loi agraire ?

D’ailleurs, outre que les fatales nécessités du passé n’existent plus et qu’il serait impolitique de faire des victimes, vous nous outragez, vous nous calomniez ; vous vous rabaissez vous-mêmes, si vous niez que, depuis plus d’un demi-siècle, nous ne soyons pas devenus plus humains, plus sages, plus éclairés, plus religieux. Prenez garde ! la peur que vous avez nous prouve peu de confiance en vous-mêmes, et, si vous méconnaissez le progrès que nous avons pu faire, vous révélez que vous n’en avez fait aucun.

Cependant le temps a marché pour tous. À moins que vous ne regrettiez la violence et la tyrannie, vous n’avez pas le droit de supposer gratuitement que nous les regrettons.

Vous voilà donc épouvanté d’un fantôme créé par une panique dont tout Français devrait rougir, car la France est vaillante, héroïque ; ses femmes et ses enfants mêmes sont des soldats intrépides. Voulez-vous donc que le peuple dise que vous n’avez pas le cœur français, et que la possession des richesses rend poltron et visionnaire ?

Ce fantôme que vous n’osez même pas regarder en face, il vous plaît de l’appeler communisme. Vous voilà terrifié par une idée, parce qu’il existe des sectes qui croient à cette idée, parce que c’est une croyance qui doit un jour se répandre et modifier peu à peu