Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/25

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qu’elle en a reçu en détail. C’est notre vie de tous, les instants qui donne à Paris cette apparence de vie indestructible, ce semblant d’invulnérabilité. Que la France s’épuise, Paris languit et dépérit ; que la France succombe, Paris meurt, et rien dans le gouvernement, qui en fait son hôtel de ville et son château fort ne lui rendra l’existence.

Quand le principe est faussé, tous les excellents résultats du principe deviennent des causes de décadence et de désolation. Les chemins de fer, qui devraient, d’après un système de centralisation organisatrice, être des bienfaits inappréciables pour l’intérieur et les extrémités de la France, deviendront infailliblement de nouvelles causes de destruction intellectuelle pour nos provinces. Paris sera de plus en plus, non l’entrepôt commercial de la France, mais le magasin insatiable où s’enfouiront ses produits. Où va la consommation, où va le luxe, où va la recherche des festins, où va le prestige des arts, où vont tous les aliments de la vie exubérante et raffinée ? Ce n’est pas en province. En province, on consomme sans jouir ; on mange beaucoup, mais, au dire savant des épicuriens de Paris, on ne sait pas manger. On s’enthousiasme pour toutes les célébrités qui passent ; mais avec combien peu de discernement ! Paris ne peut s’empêcher de rire. Un savant fait-il une découverte féconde ; elle n’est point profitable en premier lieu au pays qui l’a vue naître ; elle est aussitôt achetée et monopolisée au profit de certaines corporations qui ont leur centre d’activité à Paris, et qui en distribuent