Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/268

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Nous sommes très persuadés, pour notre compte, que le citoyen Ledru-Rollin n’a point eu la moindre velléité de tyrannie en conférant aux délégués de la République des pouvoirs illimités. On a joué sur ce mot illimité, sans vouloir lui donner l’acception qu’il avait dans la pensée du gouvernement provisoire. La teneur de l’ordonnance donnait précisément à ces pouvoirs, jusque-là non définis, une limite très conforme à l’esprit révolutionnaire.

Mais laissons la question personnelle, dont les dissidents se sont fait précisément une application personnelle assez passionnée ; voyons la question de droit.

Un ministre, un membre du gouvernement révolutionnaire a-t-il le droit, lorsque nous sommes encore en pleine révolution, de prendre des mesures exceptionnelles et de déranger l’ordre établi auquel un nouvel ordre succède ?

Sans aucun doute, selon nous ; la voix du peuple a prononcé pour l’affirmative, puisque l’adhésion des candidats à la circulaire a été regardée comme une garantie pour le peuple. Mais, pour prononcer sur ce droit, il faut soulever tout le problème du droit social ; il faut admettre ou rejeter le principe de la souveraineté du peuple. L’acte du ministre tranchait franchement dans l’exercice de cette souveraineté, qu’il ne pouvait pas avoir la prétention de s’approprier comme un individu, mais dont il se regardait à bon droit comme l’expression et le mandataire.

Ceux qui se sont récriés contre cet abus de pouvoir