Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/271

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aspect, de leur influence est infinie. Il n’y a aucune parité entre un homme et un autre homme. Mais ces diversités infinies confèrent l’égalité au lieu de la détruire. Il y a des hommes plus habiles, plus intelligents, plus généreux, plus robustes, plus vertueux les uns que les autres, il n’y a aucun homme qui, par le fait de sa supériorité naturelle, soit créé pour détruire la liberté d’un autre homme et pour renier le lien de fraternité qui unit le plus faible au plus fort, le plus infirme au plus sain, le plus borné au plus intelligent. Une grande intelligence crée des devoirs plus grands à l’homme qui a reçu du ciel ce don sacré d’instruire et d’améliorer les autres ; mais elle ne lui donne point des droits plus larges ; et, comme la récompense du mérite n’est pas l’argent, comme l’homme intelligent n’a pas des besoins physiques différents de ceux des autres hommes, il n’y a aucune raison pour que cet homme devienne l’oppresseur, le maître, et par conséquent l’ennemi de ses semblables.

La morale évangélique est éternellement vraie ; elle a été vraie avant que le christianisme l’eût formulée et répandue dans le monde. Elle est encore ; vraie ; elle préside à tous les grands actes de la vie des peuples, à toutes les révolutions qui ont le progrès pour but. C’est vraiment la doctrine de l’égalité, et elle est si excellente, que ceux qui la renient dans leur âme la professent dans leur langage, tant il leur paraît impossible de lui opposer une résistance qui ne blesse pas la conscience du genre humain. La véritable loi de nature, la véritable loi divine, c’est donc