Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/275

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tissement du pauvre sont l’ouvrage d’une société qui n’a rien fait pour eux et qui a laissé leur âme et leur vie devenir la proie du mal. Elle leur devait l’encouragement, l’enseignement, l’adoption, le secours, physique et moral. Elle les a considérés comme, condamnés à végéter au hasard. Abandonnés à eux-mêmes, livrés au malheur, s’ils ont encore quelque chose d’humain dans l’âme, ils sont plus respectables que les meilleurs d’entre les riches et les lettrés. S’ils ont perdu le sentiment de la dignité humaine, ils, sont moins coupables que vous qui consacrez le principe de l’inégalité. Vous retrancherez-vous sous cette dernière objection, que certains hommes naissent avec l’instinct du mal, et certains autres avec celui du bien, afin de conclure que Dieu a des préférences, et que la société doit consacrer l’injustice de Dieu ? — On vous répondra ; Que savez-vous d’un homme qui vient de naître ? Votre loi d’inégalité qui frappe en masse sur tous les pauvres pour perpétuer leur état de misère et d’ignorance, choisit-elle ses élus au berceau ? Non, elle laisse chacun où il est ; tant pis pour celui qui est né dans un sillon, ou qui a été abandonné sur le revers d’un fossé. Le hasard fait le reste dans votre société. Dans toutes les classes, on voit surgir des hommes bons ou mauvais. Les meilleurs sont parfois très orgueilleux et déclarent qu’ils ne sont pas les frères ni les égaux de ceux que de funestes penchants entraînent et dégradent.

Eh bien, cela encore est une erreur et un mensonge, et l’aristocratie de vertu est une aristocratie comme