Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/28

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gouvernez au nom du pouvoir central ; faites briller l’espérance des avantages matériels aux yeux de quiconque voudra abdiquer les avantages intellectuels. Nous vous aiderons ; nous promettrons, nous aussi, des routes, des édifices, des privilèges, des ponts, pourvu qu’on fasse serment entre vos mains de ne demander ni liberté de conscience, ni progrès d’esprit et de cœur, ni dignité, ni aucun moyen de rendre les hommes moins méchants, moins petits que nous ne les voulons faire. »

Grâce à ces savantes manœuvres, le seul élément qui pût représenter la force et le droit des provinces, l’élection des députés, a été combattu obstinément et anéanti autant que possible. Le libre choix d’un mandataire eût pu contre-balancer l’autocratie révoltante des administrateurs salariés. Mais l’administration salariée, employée principalement, spécialement et ouvertement, comme moyen de corrompre l’élection, est devenue pouvoir absolu et irresponsable dans la province. C’est avec des luttes pleines d’angoisses, de terreur et de douloureuse indignation, que la France libérale réussit à créer, pour la défense de ses vrais intérêts, une minorité, bien faible, hélas ! si l’on considère que les plus modérés, c’est-à-dire les moins courageux et les moins ardents parmi les hommes de l’opposition, sont souvent les seuls possibles à des provinces paralysées, dans leur vouloir de résistance, par la terreur que répand l’administration.

Le fanatisme des fonctionnaires a réussi à faire la vie publique si amère en France, qu’il faut un courage