Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sur la terre, si on niait Dieu, source et foyer de la vérité absolue.

Dieu, de quelque façon que la croyance humaine le conçoive, a donc une définition admissible et intelligible pour tous les hommes, la vérité. Il a une puissance que nous n’avons pas besoin de nier pour nous sentir libres et souverains sur la terre, cette puissance s’appelle, chez lui, la loi divine, chez nous, le droit. Il a une action qui seconde la nôtre et que la nôtre proclame ; cette action s’appelle, chez lui, la Providence, chez nous, le devoir. Par le droit, nous gouvernons souverainement, par le devoir, nous gouvernons providentiellement, c’est-à-dire que notre puissance, au lieu d’être brutale ou stérile, devient juste, fraternelle, intelligente.

Ce qui est immuable et éternel, c’est le droit de la souveraineté par l’égalité, c’est le devoir de la fraternité par la liberté.

Ce qui est variable et relatif, c’est retendue de ce droit et l’intelligence de ce devoir. Il faut bien admettre que la vérité, qui est une chose abstraite, ne frappe pas simultanément tous les hommes, et ne brille pas également à toutes les heures du développement de l’humanité. Elle est comme le soleil que les nuages nous voilent souvent, et qui n’en existe pas moins quand nous cessons de le voir.

Il n’y a donc pas d’homme, et il n’y a pas d’époque dans l’histoire de l’homme qui soient privés de toute notion du droit et du devoir. Les sociétés consacrent toujours quelque portion vraie de l’un et de l’autre,