Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/291

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Le présent peut-il, d’emblée, détruire le vice du passé ? Non, puisqu’il ne le peut pas sans violence. Alors, il ne le doit pas. Il est forcé d’admettre une transition, un progrès.

Voici quelle sera la transition. L’homme avide et habile n’aura plus les moyens de faire ces fortunes scandaleuses qui, en se dévorant les unes les autres, dévoraient, en somme, la subsistance du peuple. La société doit rendre ces moyens impossibles et empêcher que les hommes du passé n’accaparent encore une fois l’avenir à leur profit. Plus d’agioteurs, plus de spéculations sur la fatigue, la résignation et la misère de l’homme, plus de sacrifices humains ; poursuivons ce trafic sauvage jusque dans ses plus mystérieux retrantranchements. Quant aux fortunes déjà faites, laissons-les s’épuiser d’elles-mêmes ; imposons-leur les sacrifices que la situation exigera. La situation n’exige pas que les riches soient réduits à la misère qu’ils nous ont fait subir ou qu’ils ont contemplée avec indifférence. Quand la République pourra fonctionner sans leur réclamer au delà des sommes nécessaires à ses premiers besoins, méprisons leur superflu, n’en soyons pas jaloux, nous sommes trop fier pour cela ! Du travail, de la liberté, de l’air, de la poésie, de l’instruction, de l’honneur, voilà tout ce que nous demandons. S’il faut souffrir encore un peu de temps pour traverser une crise qui nous promet tous ces biens, nous souffrirons patiemment, à la condition que nous verrons le gouvernement choisi par nous s’occuper activement de mettre tout en œuvre pour abréger notre sublime