Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/292

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épreuve. Quand nous aurons obtenu ces premières conditions de la vie humaine, nous consentirons à marcher pas à pas dans la voie des grandes améliorations, pourvu que ce soit le pas de charge et non le pas rétrograde. Nous passerons de la pauvreté à l’aisance, et de l’aisance à la richesse sociale sans [nous heurter violemment aux obstacles que le devoir nous ordonne de tourner.

Voilà, je crois, notre devoir tout tracé, relativement aux droits du passé. Ces riches, qui ne veulent pas devenir pauvres, ils craignent avec raison la misère plus que nous. Ils n’ont pas l’habitude du travail. Ils sont paresseux, faibles ou maladroits. Combien de temps faudrait-il au plus habile spéculateur de la Bourse pour apprendre un métier honnête ? Il lui faudrait mendier avant de savoir se servir de ses bras. Et ses enfants si mal élevés, ses enfants qui ont appris le grec et le latin dans les collèges, et qui n’ont pas la première notion de la véritable histoire de l’humanité, quels mauvais sujets nous nous exposerions à répandre dans nos rues ! La plupart ne seraient bons qu’à être des coupeurs de bourse, ou pis encore. Et leurs femmes ! sauraient-elles blanchir, faire des ménages, des robes, et tous ces petits métiers qui demandent tant d’adresse ou de force ? Leurs femmes, paresseuses ou coquettes, perdraient nos jeunes gens ou mourraient de fatigue et de désespoir. Voulons-nous être les auteurs et les témoins de toutes ces dégradations et de toutes ces calamités ? Non. Le riche brusquement dépossédé ne pourrait pas venir à bout