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les peuples. Dans une civilisation plus avancée, l’esclavage remplaça le meurtre ; l’initiateur opprima l’initié. Aujourd’hui, le principe a atteint son perfectionnement : l’initiateur pardonne à l’initié.


IV

la majorité et l’unanimité

On discute beaucoup et avec raison, sur ce problème : « Quelle est la véritable expression de la souveraineté du peuple ? » Jusqu’ici, on n’a rien trouvé de mieux que la décision de la majorité.

Il faut l’accepter dans la pratique, car, en voulant ne pratiquer que l’idéal, on arriverait quand l’idéal est absent de la réalité, à ne rien pratiquer du tout.

Mais, tout en se soumettant pour la pratique à toutes les nécessités du milieu où l’on agit, il faut toujours avoir l’idéal devant les yeux ; l’idéal, c’est-à-dire le principe par excellence qu’on peut tirer de la raison, de la justice et du sentiment.

Sans cet idéal, on s’arrête, on recommence le passé, on tâtonne maladroitement l’avenir ; à force de vouloir rester dans le présent, on n’en tire aucun parti ; il vous échappe des mains, et on s’use en mesquines agitations de détail. L’idéal de l’expression de la souveraineté de tous, ce n’est pas la majorité, c’est l’unanimité. Un jour viendra où la raison sera si bien