Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/307

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Croyez bien que c’est là le grand ascendant de Louis Bonaparte, c’est de n’avoir encore rien fait sous la République bourgeoise. Le prestige du nom est quelque chose ; mais le paysan est toujours positif, même lorsqu’il est romanesque. Que l’élu de son choix le frappe d’un nouvel impôt, vous verrez à quoi lui servira son nom.

Quant à nous, il nous faut examiner sérieusement cet acte imprévu de souveraineté populaire, et ne pas nous laisser surprendre par le dégoût et le découragement. C’est bientôt fait de dire que le peuple est fou, que le paysan est bête. Mais que les hommes intelligents s’interrogent consciencieusement, et ils verront que leur cœur, pour être moins spontané et moins simple que celui du peuple, n’est pas plus fort et plus généreux que le sien. Le peuple croit à un nom ! Il a donc encore la foi qui nous manque. Il se fie à des promesses ! Il a donc l’instinct profond de la loyauté. Il condamne sans appel ceux qui l’ont trompé et accablé ! Il n’est donc pas si faible ni si flottant. Sans doute, nous pouvons trembler pour lui, nous autres qui avons la vue plus longue ; mais, quel que soit le danger où il se précipite, suivons-le, pour l’aider à en sortir ou pour y périr avec lui ; car de maudire et de dédaigner le peuple, parce qu’il secoue notre influence et s’expose en dépit de nos conseils, c’est une impiété et un blasphème. Ne recommençons pas la fable du maître d’école. Nous n’empêcherons pas la rivière de couler et les enfants déjouer au bord. Nous avons maintenant peu de politique à faire, puisque le souve-